Les Milles et une Nuits: premiers éblouissements! Herat.
On se réveilla vasouilleux.
Après un copieux petit déjeuné à cet hôtel, avec des gâteaux
à l’Afghane superbes (genre quart/quart en béton
costaud) on parti visiter la cité.
Un basque ethnologue, un photographe de métier (Jean-Pierre) et un philosophe étudiant,
déboulèrent dans les rues du lieu.
Je compris tout suite, que mon voyage, n’allez pas seulement
se situer dans l’espace, mais aussi dans le temps.
Un cavalier magnifique,
turban au vent, et fusils dans le dos, sur un cheval blanc, déboula devant
nous, et poursuivit sa cavalcade.
Heu, heu….où sommes nous ?
On continua. Un marchand de fourrures nous arrêtas, il
portait un de ces fameux calots d’Astrakhan, qui ici, était preuve de
notabilité : - comme le chef douanier footeux, mdr !
Sur le devant de sa boutique, il y avait des peaux de loups
argentés et celle d’ours bruns. Ils nous
fit monter sur sa terrasse dominant Herat, et nous offris haschish et coca-cola. On prit les deux, mais on lui
fît vite comprendre, que nous ne voulions pas de peaux de loups vifs argentés.
Pas de problème, on poursuivit notre périple.
Au loin, nous pouvions apercevoir des formes fantomatiques, dans diverses colories,
jaune, bleu, gris, survolant le sol, vire et voltant… C’était leurs femmes:
invisibles ! Je ne connaissais pas encore le mot de bourga, à l’époque, en
1973. Je disais lors de mon retour : « C’était comme le vêtement de fantômes, mais pas avec des trous pour les yeux, mais
une sorte de grillage tricoté.». Cette évocation de grillage devant les
yeux m’effrayait personellement. Les gens à qui, je racontais
ce truc, à cette époque, ne comprenaient rien: les femmes afghannes et leurs bourgas n'existaient pas. Pire, il m'était impossible de faire comprendre, la conditions des femmes de cette population; cela était trop "surréaliste"ou trop "irréaliste" pour les occidentaux.
Il faut dire, que l’Afghanistan n’était ouvert aux étrangers
que depuis 1968: date, de la visite du Président Pompidou, avant les évènements
en France.
J’adore me souvenir de cela, de ce télescopage de dates
historiques : entre une vielle république qui essaye de se rajeunir, et un
jeune « Etat » composé de
tributs, d’ethnies qui essaye de sortir
de la féodalité.
Et, je peux témoigner, que l’Etat Afghan en cette année 1973, cherchait
à se sortir de sa féodalité.
Dans ces rues d’Herat, il y avait notamment, des types qui se baladaient avec des boyaux
et des tripes de moutons autour du coup; comme des colliers. Au fur et à mesure, de la découverte de cet
autre monde, plus rien ne nous surprenait.
Bien sûr, on fût vite paumé, et on se retrouva à la
périphérie de la ville.
Il y avait des
tentes de nomades. Un vieux nomade gentiment nous fît signe de venir. On se
retrouva sous sa tente en toile de chameau. Il nous proposa de partager un thé: les gestes de partages ont des
signes universels. On s’enfourna sous sa
tente. C’était un univers enfumé, sombre. Au fond, on distingua une forme
furtive, se déplaçant en rigolant. C’était sa femme: lui il berçait son enfant
devant nous, dans une sorte de balançoire. Mes deux copains vinrent vers moi et dirent : « Toi, tu
occupes le vieux, nous on essaye de prendre une photo ». Bon ! Ok.
Je faisais le couillon, pour capter l’attention du vieux nomade.
Mes copains étaient à l’affût au fond de la tende, sur la forme grise. Moi
aussi, je regardais vers la direction de
cet ombre.
Tout un coup le voile tomba. C’était une fille -femme- qui
n’avait pas ses 16/17 ans, et qui
voulait manifestement, que l’on puisse prendre en photo d'elle. Tout alla très
vite. Mes cops, déclenchèrent leurs appareils; moi, je réussis à fixer le
vieux, qui devait aller vers les 70 ans !...
Les photos furent loupées, trop sombres.
Mais, je me souviens du visage
magnifique de cette jeune femme: un grand sourire joyeux, avec milles et un
tatouages colorés et complexes.